La campagne électorale avance et les politiciens mitraillent leurs promesses. Or, les enjeux liés au suicide assisté et à l’euthanasie continuent d’être un tabou, même s’il s’agit d’une question de vie ou de mort qui concerne toute la population canadienne! Le prochain gouvernement aura comme premier devoir l’immense responsabilité de faire passer une loi pour réglementer le suicide-assisté à temps pour la date d’échéance donnée par la Cour suprême, soit le 6 février 2016.
De plus, la réaction agressive des politiciens du Québec contre les professionnels des soins palliatifs qui refusent de tuer des personnes sous leurs soins annonce un sérieux danger pour tout le Canada. Cette attaque à la liberté suggère fortement que le “droit de mourir” versera inévitablement dans l’obligation de tuer si nous ne prenons pas toutes les précautions législatives pour l’éviter.
Nous reconnaissons que les termes utilisés dans les lois et la réglementation auront pour effet d’encourager ou de décourager l’utilisation abusive du suicide assisté ou de l’euthanasie. Cependant, il s’agit d’un fait avéré qu’aucune protection ne peut complètement empêcher les décès de personnes non admissibles et non consentantes. Les données d’une récente étude belge, où l’euthanasie est légale, montre que 1,7% des décès ont été intentionnellement hâtés sans qu’il n’y ait eu demande. Et des personnes souffrant de dépression et de troubles cognitifs meurent par euthanasie. Le nouveau gouvernement canadien devra utiliser tous les moyens pour prévenir ce genre de tragédies.
Ainsi, devant le silence des partis politiques, le Collectif des médecins contre l’euthanasie, la Euthanasia Prevention Coalition, la Euthanasia Prevention Coalition – BC et Vivre dans la Dignité ajoutent leur voix à toutes celles qui réclament une prise de position claire avec engagements fermes de la part de tous les partis politiques avant la fin de la campagne électorale pour que la population canadienne puisse faire un choix éclairé.
Ensemble, nous réclamons que tous les partis politiques s’engagent publiquement à adopter une législation et à mettre en œuvre des règlements qui vont :
- protéger les citoyens vulnérables contre l’incitation au suicide, y compris les personnes avec des handicaps physiques et intellectuels, celles atteintes de maladie mentale ou de maladie chronique avancée et celles en perte d’autonomie ou en fin de vie;
- améliorer la qualité et l’accessibilité des soins palliatifs pour toute la population canadienne parce qu’il n’y a pas de véritable consentement libre et éclairé à vouloir la mort si le patient n’a pas connaissance ou n’a pas accès aux alternatives;
- respecter la liberté de conscience pour les soignants dans tous les environnements de travail en prévenant toute forme de coercition et de pression contre les professionnels qui refusent de tuer des personnes sous leurs soins.
Ce serait une grave injustice envers la population canadienne que de laisser en suspens des enjeux aussi fondamentaux pour l’avenir de notre société La population a le droit de savoir comment les citoyens âgés, en situation de handicap ou en fin de vie seront traités après l’élection fédérale du 19 octobre.