Quatre maisons de soins palliatifs excluent l’aide médicale à mourir

Quatre maisons québécoises de soins palliatifs ont jusqu’à maintenant indiqué officiellement qu’elles ne pratiqueraient pas l’«aide médicale à mourir», dont la Maison Michel Sarrazin, premier établissement de ce type au Canada.

Les trois autres sont la Résidence de soins palliatifs de l’Ouest-de-l’Île, à Montréal, la Maison Au Diapason, à Bromont, et Soli-Can Lac Saint-Jean Est. Toutes ont annoncé qu’elles excluront de leurs murs l’acte de donner la mort sur demande et ont souligné l’incompatibilité entre ce geste et leur philosophie.

«Pour nous, l’aide médicale à mourir, c’est de l’euthanasie, ça n’entre pas dans notre conception des soins palliatifs, ce n’est pas un soin», résumait récemment le Dr Michel L’Heureux, directeur de la Maison Michel Sarrazin, sur les ondes de Radio-Canada après que son organisme eut annoncé sa décision.

«Si des soins palliatifs de qualité sont accessibles, peu de gens choisiront d’abréger leur vie, commente pour sa part Teresa Dellar, cofondatrice et directrice de la Résidence de soins palliatifs de l’Ouest-de-l’Île. Nous ne pouvons pas permettre que des morts prématurées deviennent un substitut à notre responsabilité d’offrir des soins de compassion et le soulagement des symptômes à la fin de la vie.»

«Considérant notre philosophie de soins, l’aide médicale à mourir ne peut faire partie de notre mission», écrit la Maison au Diapason. La maison rappelle, en se basant sur la définition de l’Organisation mondiale de la santé, que les soins palliatifs soutiennent la vie, considèrent la mort comme un processus normal et ne la hâtent ni ne la retardent.

Le président de Soli-Can, Réal Bouchard, réitère la philosophie de son établissement: «Nous croyons que la personne qui franchit la dernière étape de sa vie a une chance ultime d’atteindre son identité propre en intégrant toutes les dimensions de son existence.»

M. Bouchard y va aussi d’une mise au point sur la notion de dignité. «La dignité est une valeur intrinsèque à l’être humain et nous croyons que ce n’est pas parce qu’une personne est affaiblie et malade qu’elle en est privée.»

Selon la loi 52, les maisons de soins palliatifs ont le droit de refuser de fournir l’«aide médicale à mourir». Ce n’est pas le cas des hôpitaux québécois, qui devront offrir cette option. Quand on sait qu’une très forte majorité de médecins en soins palliatifs s’opposent à l’euthanasie (ce dont la commission Mourir dans la dignité n’a pas tenu compte), il y a lieu de s’inquiéter pour les milieux hospitaliers: faute de pouvoir éviter des situations contraires à leurs convictions et à la philosophie même de leur spécialité, les médecins en soins palliatifs se feront-ils plus rares dans nos hôpitaux ?

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