Psychiatrie et euthanasie: de profondes implications pour toute pratique médicale
Il y a quelque chose d’ironique et d’horrible à la fois dans cette idée que le premier manquement clair au caractère volontaire de l’euthanasie légale – celui-là même qui stipule que toute euthanasie est le résultat d’un choix compétent et capable – doive être fait par le biais de la psychiatrie. La raison en est que nous sommes habitués à faire confiance à la psychiatrie en ce qui a trait à la défense et à l’arbitrage du choix lui-même. Ce sont les psychiatres qui possèdent l’expertise spécifique pour étudier l’opération volontaire de la volonté: capable, compétente et libre.
Dans un contexte clinique, l’observation de l’attitude du patient en ce qui attrait à l’instinct de survie constitue une pierre angulaire pour déterminer sa capacité de prendre des décisions. Bien que nous louions l’oubli de soi quand vient le temps de protéger les autres, la volonté d’autodestruction présente dans les pensées suicidaires a jusqu’ici été comprise comme un signe d’incapacité et d’incompétence. Alors comment peut-on demander aujourd’hui aux psychiatres d’évaluer un désir « rationnel » pour le suicide? Affirmer, dans un contexte de soins de santé, que n’importe quelle forme d’autodestruction peut être un acte rationnel, normal et compétent, au lieu d’une manifestation évidente d’une quelconque pathologie présumée, c’est donner le coup de grâce à la science, à la pratique et à l’éthique psychiatriques. Continuer à lire…
Rendons l’euthanasie inimaginable.
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Un remerciement tout spécial au Dr. Mark Komrad pour sa collaboration.
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Nous profitons de l’occasion pour vous souhaiter un Joyeux Noël, une Joyeuse Hanoukka, beaucoup de joie dans toutes vos célébrations du temps des fêtes ainsi qu’une nouvelle année paisible.
Sincèrement,
Catherine Ferrier
Présidente
Nouvelles du Collectif
Le Collectif des médecins contre l’euthanasie est heureux d’annoncer sa deuxième conférence médicale, ayant pour thème L’amélioration des soins en 2019, et qui se tiendra à Montréal, le samedi 6 avril 2019.
Les sujets abordés :
- Le consentement et l’aptitude en fin de vie (Dr Louis Morissette)
- Enjeux médico-légaux en ce qui a trait à l’AMM (Dr Richard Mimeault, CMPA)
- Gestion avancée de la douleur (Dr Patrick Vinay)
- Les soins palliatifs à la maison (Dr Golda Tradounsky et Joan Foster N. – en français: avec Judith Marchessault N.)
- Discussion générale : l’avenir des soins palliatifs
D’autres détails suivront.
La voix des médecins
Dans une lettre ouverte publiée récemment dans La Tribune, Les règles nous empêchent d’offrir les soins palliatifs, la Dre Christiane Martel montre du doigt le problème sur l’accès aux soins palliatifs au Québec.
Une lettre à l’éditeur publiée dans la section enjeu du mois de novembre de CMAJ fait ressortir le besoin de protéger les droits de conscience des médecins canadiens.
Mourir dans la dignité: une comparaison avec les soins palliatifs (article anglais : Dying with dignity: a palliative care comparison) : Une critique publiée dans le blogue de CMAJ par Stephanie Hinton, étudiante en médecine dans la promotion 2019 de l’Université Queen.
Récemment, des hôpitaux religieux d’Alberta ont reçu des attaques considérables pour avoir transféré des patients en dehors de l’hôpital afin qu’ils reçoivent l’aide médical à mourir sous prétexte d’objection de conscience des médecins. Karol Boschung propose des arguments rationnels sur le pourquoi « les hôpitaux religieux ne devraient pas être malmener » vers l’administration de l’AMM : Opinion : L’Église hors de la médecine rendra les soins palliatifs pires (article anglais :Opinion: Church out of medicine will worsen palliative care.)
Appel à l’action
Notre allié, l’organisme des Médecins canadiens pour la vie (Canadian Physicians for Life) lance actuellement un programme de tutorat pour les médecins et les étudiants en médecine. Pour de plus ample information sur comment devenir ou trouver un tuteur, visitez : https://learn.physiciansforlife.ca/.
Nouvelles-médias
Pour revenir à un de nos récents courriels, le rapport sur l’extension de l’euthanasie aux groupes vulnérables a été publié par le conseil des académies canadiennes (CAC) le 12 décembre 2018. Voici un résumé du rapport.
Version révisée du Code de déontologie de l’Association médicale canadienne (AMC):
Notons les points suivants :
– A. : Engagement envers l’intégrité et la compétence professionnelles. Pratiquez la médecine avec compétence, en toute sécurité et avec intégrité; évitez toute influence qui pourrait nuire à votre intégrité professionnelle.
– C. 3. : Agissez selon votre conscience et respectez les différences de conscience entre vos collègues. Cependant, respectez votre devoir de ne jamais abandonner un patient en reconnaissant et en répondant toujours aux préoccupations et aux demandes médicales de celui-ci, quels que soient vos engagements moraux.
– C. 4. : Informez le patient lorsque vos engagements moraux peuvent influencer votre recommandation concernant la fourniture ou la pratique de toute procédure ou intervention médicale en ce qui concerne les besoins ou les demandes du patient.
La Commission sur les soins de fin de vie a publié son rapport annuel ( pour la période allant du 1er juillet 2017 au 31 mars 2018). Le rapport original n’est disponible qu’en français, sur le site Internet de l’Assemblée nationale : Le rapport annuel d’activités de la Commission sur les soins de fin de vie, pour la période du 1er juillet 2017 au 31 mars 2018.
Le fournisseur de soins Covenant Health a récemment mise a jour sa politique sur l’aide médicale à mourir. La politique stipule que « Covenant Health ne dispensera pas ni ne référera explicitement à l’AMM étant donné l’incompatibilité de cette pratique avec la mission de l’organisation et de sa tradition éthique. Cependant, Covenant Health est tenu à l’observance des principes de justice et de non-abandon d’un patient, et par conséquent doit veiller à assurer un accès aux ressources de navigation du système de santé aux personnes bénéficiant de nos services qui recherchent de l’information supplémentaire sur l’AMM, une évaluation et même une éventuelle administration, ce qui peut faciliter ces processus, et ce indépendamment de Covenant Health. »
Dans un sillon similaire : Delta Hospice réaffirme sa position sur l’AMM, toujours en désaccord avec Fraser Health (anglais: Delta Hospice reaffirms position on MAiD, still at odds with Fraser Health)
L’euthanasie d’une néo-écossaise, Audrey Parker, a reçu jusqu’à aujourd’hui une importante couverture médiatique étant donné que des lobbyistes pour l’AMM combattent pour légaliser l’euthanasie par directive anticipée. Le même jour de sa mort planifiée, une fuite du Globe and Mail dévoilait une ébauche du rapport préparé par le Conseil des académies canadiennes (CAC) sur L’état des connaissances sur les demandes anticipées d’aide médicale à mourir. Le CAC a répondu qu’il « ne s’agit pas de la version finale du rapport et elle ne reflète pas les dernières délibérations du groupe de travail. »
Dans son article « L’euthanasie expéditive au Canada continue : Le droit à la vie peut être transformé en droit à la mort » (en anglais : The Canadian euthanasia express rolls on: The right to life can be flipped into a right to die), la bioéthicienne Margaret Sommerville exprime sa réflexion sur le cas d’Audrey Parker : « Le cas d’Audrey est un bon exemple qui montre qu’une fois que nous transgressons la ligne de ne pas tuer intentionnellement, la logique devient inarrêtable. »
L’euthanasie des enfants: il est intéressant de prendre le pouls de la situation actuelle au Canada. On retrouve dans les manchettes récentes l’approbation par le tribunal d’un recours collectif contre McDonald’s pour le marketing de jouets du Joyeux Festin. On évoque principalement comme argument que cette pratique est illégale selon la loi sur la protection du consommateur, laquelle interdit la publicité commerciale aux enfants de moins de 13 ans. Pourtant, nous assistons à quelques batailles ayant pour but de permettre aux enfants d’avoir le droit d’être tués précisément lorsqu’ils ont besoin de soins spéciaux. L’auteur Wesley Smith résume clairement notre parcours dans son article « Les médecins canadiens se préparent à l’euthanasie des enfants ».
Affichage d’une publicité en faveur de l’AMM dans la salle d’attente d’un hôpital canadien : Une publicité profondément troublante en faveur de l’AMM a été vue récemment dans une salle d’attente de l’hôpital Système de santé William Osler. Même après la légalisation de l’AMM, il était sous-entendu que les institutions de santé qui choisiraient l’AMM se chargeraient d’offrir l’accès aux patients la demandant, mais pas de la promouvoir comme si c’était une option envisageable! Beaucoup de médecins furent consternés par cette insensibilité ciblant les patients plus vulnérables (spécialement ceux en situation de maladie, de fatigue et de découragement prononcés). Wesley J. Smith partage son opinion sur ce sujet dans l’article Une salle d’attente d’un hôpital canadien promeut l’euthanasie.
David Anderson, député conservateur en Saskatchewan,présente une loi visant à protéger les droits d’objection de conscience des professionnels du milieu de la santé. Il dit: « Je crois qu’il est temps de prendre la défense des médecins et des professionnels de la santé qui ne veulent pas laisser de côté leurs principes éthiques quand ils soignent d’un patient. »
Informations du Collège des médecins du Québec (CMQ): Les membres du CMQ ont récemment reçu de nouvelles informations concernant la manière de rapporter « l’aide médicale à mourir» suite à la mise en œuvre le 1er novembre 2018 du document d’orientation sur les rapports fédéraux. Le CMQ demanda d’abord à ses membres de refuser de remplir le formulaire fédéral, invoquant les problèmes de document fourni en double et de confidentialité. Québec et Ottawa ont rapidement trouvé un terrain d’entente en adoptant un système de rapport commun en ligne. Le changement principal pour nos membres est que tout médecin qui reçoit une demande écrite pour « l’aide médicale à mourir » doit rapporter la demande, peu importe le résultat :
Le médecin du Québec qui reçoit une demande au moyen du Formulaire de demande d’aide médicale à mourir prescrit par le ministre doit en faire rapport, s’il ne l’administre pas lui-même et si, dans les 90 jours qui suivent la date de la demande, l’un ou l’autre des événements suivants se produit :
- il transmet la demande à un confrère;
- il détermine que la personne n’est pas admissible;
- il apprend que la personne a retiré sa demande;
- il apprend que la personne est décédée.
Vous noterez qu’aucune option de se retirer d’un cas sans y être impliqué n’est mentionné. Cependant, selon notre lecture du document d’orientation du fédéral, ce document est plus permissif sur ce sujet (Le Règlement fédéral : voir en page 4).
En réponse à la nouvelle réglementation du gouvernement fédéral relatives à la surveillance de la mort médicalement assistée, le Collège des médecins du Québec a demandé « à ses membres de ne pas transmettre le formulaire à Santé Canada ». Suite à une entente créant un formulaire commun entre Québec et Ottawa quelques jours plus tard, cet appel à aller à l’encontre de la loi a été retiré.
Au cours de la rencontre intérimaire 2018 de l’Association médicale américaine (AMA) qui s’est tenue en novembre, l’AMA continue de débattre du suicide assisté (en anglais: American Medical Association continues to debate assisted suicide.
Si vous voyez des articles, lettres ou entrevues d’intérêt pour notre travail de publication dans les médias, merci de nous les transmettre ici : info@collectifmedecins.org
Nouvelles des tranchées
Une opinion fort intéressante dans le Prince George Citizen: Le consentement ne justifie pas le suicide assisté (en anglais: : Consent doesn’t justify assisted suicide)
Des nouvelles récentes sur les procédures judiciaires et réglementaires de l’ACPM: L’aide médicale à mourir… deux ans plus tard. Publié initialement en juin 2018 / révisé en novembre 2018
Soins palliatifs: signaux d’alarme: Un éditorial dans Le Soleil proposant une réflexion sur la loi encadrant les soins de fin de vie au Québec.
Une direction nationale en soins palliatifs réclamée
Ressources
Auteurs : Luce Des Aulniers et Bernard J. Lapointe
Éditeur : Jean Pichette (Éditions Somme Toute)
Cet essai prend la forme d’un dialogue entre un médecin des soins palliatifs depuis trois décennies et une anthropologue pionnière de l’étude des rapports humains face à la mort. À partir de 40 mots-clés, il offre des facettes souvent inaperçues, voire taboues, des réalités de la maladie, du soin et du lien social présentes lorsque la mort se profile à l’horizon. Il cherche à discerner les besoins psychiques et socioculturels à l’origine de la demande d’une devancée, ainsi replacée au sein des transformations contemporaines de notre rapport à la mort.
Dans la littérature
Journal of Medical Ethics (En ligne: 30 octobre 2018): Des dilemmes et des tensions: étude qualitative des positions des médecins en soins palliatifs concernant l’euthanasie volontaire volontaire au Québec par Emmanuelle Bélanger, Anna Towers , David Kenneth et al.(article anglais : Of dilemmas and tensions: a qualitative study of palliative care physicians’ positions regarding voluntary active euthanasia in Quebec, Canada). Cette étude offre un aperçu des positions nuancées de médecins expérimentés en soins palliatifs au Québec. Elle confirme les tensions appréhendées entre les intervenants et la pratique de l’euthanasie volontaire active telle que formulée dans la nouvelle loi.
JAMA Psychiatry. 2018; 75(11):1099-1100 : Le suicide et la mort assistée par un médecin pour les personnes atteintes de troubles mentaux par Scott Y. H. Kim, Yeates Conwell et Eric D. Caine (Article anglais: Suicide and Physician-Assisted Death for Persons with Psychiatric Disorders). « L’affirmation selon laquelle la mort assistée par un médecin pour les personnes atteintes de troubles mentaux est distincte de celle du suicide comme nous la comprenons habituellement et, par conséquent, ne relève pas de la compétence d’un organisme voué à la prévention du suicide suppose que des faits appuient la distinction. » Les auteurs démontrent que ce n’est pas le cas.
CMAJ November 05, 2018 190 (44) E1310 : Perdre des médecins intègres fera préjudice aux patients et à la profession par Karol F. Boschung (article anglais: Losing doctors with integrity will harm patients and profession).
Journal of General Internal Medicine, August 2018: À la suite du changement de position de l’American Academy of Family Physicians, choisissant une position de neutralité sur l’euthanasie, les auteurs (Sumasy, D. Et al.) fournissent une très bonne perspective dans leur article Suicide assisté par un médecin: Pourquoi la neutralité adoptée par les organismes de médecine ne peut être ni neutre ni appropriée (article anglais: Physician-Assisted Suicide: Why Neutrality by Organized Medicine Is Neither Neutral Nor Appropriate).
Journal of Medical Ethics publié en ligne en premier : 22 novembre Considérations éthiques sur situer les demandes d’aide médicale à mourir dans le contexte plus large des soins de fin de vie; (article original en anglais : Situating requests for medical aid in dying within the broader context of end-of-life care: ethical considerations.; Seller L, Bouthillier M et Fraser V). Voici un commentaire publié dans LaPresse+ : Aide médicale à mourir: pas toujours un choix éclairé
Journal of Medical Ethics publié en ligne en premier : 21 novembre Délimiter les contours de la mort assisté par un médecin (Drawing the line on physician-assisted death.; Jansen, L.A., Wall, S. and Miller F.G.)
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