La Société canadienne des médecins de soins palliatifs s’engage contre la loi 52

La Société canadienne des médecins de soins palliatifs dénonce la loi 52, applaudit l’intention du gouvernement fédéral de s’y opposer et presse Ottawa d’agir pour protéger les plus vulnérables. Elle met aussi très sérieusement en doute la capacité du gouvernement québécois d’honorer ses engagements en soins palliatifs à l’heure même où il annonce de sévères compressions budgétaires.

Dans une déclaration officielle émise le 10 juin, la Société se dit «profondément troublée» par l’adoption de la loi 52 au Québec et endosse les propos tenus à la fin mai par le ministre fédéral de la Justice, Peter McKay. «Notre gouvernement croit que les dispositions du code criminel interdisant l’euthanasie et le suicide assisté ont pour but de protéger les gens, incluant les plus vulnérables de notre société», a dit M. McKay.

L’association de médecins sonne aussi l’alarme quant au réalisme du volet de la loi portant sur le développement des soins palliatifs, dans le contexte budgétaire actuel.

«La SCMSP salue l’engagement « apparent » de la loi 52 à garantir à tous les Québécois des services de soins palliatifs.  Cependant, cette promesse implique énormément de ressources. La SCMSP doute de la capacité du gouvernement québécois d’honorer cet engagement au moment où il affirme son intention d’éliminer son déficit de 3,1 milliards.»

À l’instar du Réseau de soins palliatifs du Québec, la SCMSP déplore que Québec n’ait pas présenté deux projets de loi distincts, l’un portant sur les soins palliatifs et l’autre sur l’euthanasie, déguisée en «aide médicale à mourir». «Cela aurait enligné la juridiction québécoise sur d’autres juridictions où l’euthanasie est légale, comme la Hollande, la Belgique et le Luxembourg», fait-elle remarquer.  L’association rappelle que la majorité de ses médecins s’opposent à l’euthanasie, tout comme une très forte majorité de médecins québécois en soins palliatifs.

À l’encontre de la loi 52 qui prétend inclure l’euthanasie dans un «continuum de soins», la SCMSP réitère l’incompatibilité de l’«aide médicale à mourir» avec les soins palliatifs. La philosophie des soins palliatifs «regarde la mort comme un processus naturel et n’entend ni la hâter ni la retarder», souligne-t-elle.

La Société y va enfin de mises au point concernant la sédation palliative, qui soulage la souffrance sans abréger la vie et ne peut donc pas être rapprochée de l’euthanasie, et concernant l’existence de moyens efficaces pour une fin de vie confortable et digne.

«La SCMSP tient à assurer les Canadiens qu’il existe des thérapies efficaces pour prendre en charge la détresse en fin de vie, qu’elle soit physique, émotionnelle ou spirituelle. Aucun Canadien ne devrait sentir qu’une mort délibérément hâtée est la seule façon de minimiser la souffrance.»

La Société canadienne de médecins en soins palliatifs regroupe plus de 300 cliniciens, professeurs et chercheurs.

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