Améliorer les soins 2019 – Résumé de la conférence

Chers amis,

Le Collectif des médecins contre l’euthanasie a tenu, le samedi 6 avril, une deuxième journée de conférences dédiée au thème « Améliorer les soins ». Nous espérons que cela devienne un évènement régulier à l’avenir. Toutes les présentations furent données en français et en anglais.

Crédit photo: jaynorthphotography@gmail.com

Le docteur Patrick Vinay, qui a traité des défis reliés à la maximisation de la conscience tout en minimisant l’inconfort (conférence Gestion avancée de la douleur), nous a rappelé que les « souffrances insupportables », en contexte de soins de fin de vie, sont rarissimes dans la mesure où les médecins sont formés adéquatement à l’usage des différents produits pharmaceutiques accessibles. Il a donné plusieurs explications physiologiques détaillées, appuyées par de nombreuses histoires de cas. Il a exposé comment l’usage de très petites doses de Methadone, pouvaient être utilisées pour atteindre un niveau de confort satisfaisant pour le patient, en lien avec les protocoles opioïdes, lesquels n’étaient quant à eux que partiellement effectifs.

Le docteur Golda Tradounsky, de pair avec Joan Foster et Judith Marchessault, infirmières cliniciennes, ont discuté comment répondre à la demande omniprésente des patients d’être soignés et de mourir à domicile (conférence Soins palliatifs à domicile). Ils nous ont mentionné que le plus grand défi se trouve dans une évaluation réaliste des soins à prodiguer, du niveau des ressources externes disponibles et de la capacité des membres de la famille à s’adapter aux circonstances changeantes. Mais ce qui est d’importance primordiale, c’est la possibilité d’orchestrer une transition tout en douceur, lorsque nécessaire, entre des soins palliatifs à domiciles et ceux dispensés dans une maison spécialisée, en évitant les admissions en milieu hospitalier par ambulance et par les services d’urgence.

Nous souhaitons que ce secteur des soins à domicile soit développé avec vigueur pour correspondre au désir du grand nombre des patients, un développement lié aussi à un énorme potentiel d’économie au niveau institutionnel.

D’importants défis, outre ceux de la science médicale, furent abordés concernant les attentes créées à la suite de la légalisation de l’euthanasie. Dans certains milieux, comme nous le savons, on attend des médecins qui ne veulent pas pratiquer l’euthanasie qu’ils réfèrent les patients à un médecin la dispensant. Le docteur Richard Mimeault de l’Association canadienne de la protection médicale (conférence Questions médico-légales concernant l’AMM et les soins de fin de vie) a présenté la situation comme un équilibre dynamique de droits concurrentiels: le droit des médecins à définir leur propre pratique et le droit des patients à l’accès aux services. Il mentionne que cette dynamique modifiera les instances médicales gouvernantes sur l’évaluation des conflits possibles. Cependant, comme il sera traité dans le prochain éditorial, il est rapidement devenu clair pour l’audience durant les conférences que les médecins qui refusent l’euthanasie s’intéressent moins à leurs droits personnels que de prodiguer d’excellents soins à leurs patients. Et contrairement à l’accusation commune selon laquelle les médecins centrés sur la vie « abandonnent » leurs patients, c’est en réalité la disponibilité de l’euthanasie qui fait obstacle aux soins ultérieurs du patient.

Le docteur Mimeault a cependant clarifié que le droit fondamental de refuser d’administrer l’euthanasia est une certitude légale, et que tous les docteurs devraient exercer ce droit avec confiance, au-delà de toute question ou reproche.

Le Dr Louis Morissette, dans sa conférence Consentement et aptitude en fin de vie, a lié les thèmes différents de la médecine, de la loi et de l’éthique, lors de sa présentation sur les limites de l’aptitude à prendre des décisions. Pour le Dr Morissette, une véritable euthanasie volontaire requiert de sérieuses considérations sur l’aptitude d’une personne à prendre des décisions. Cependant, de nombreux facteurs retrouvés en situation de fin de vie, la démence ou la dépression par exemple, ou encore les effets secondaires de certains médicaments, rendent particulièrement difficile l’évaluation de cette aptitude. Ces facteurs peuvent de fait altérer la capacité du patient à prendre des décisions adéquates. 

Il est d’autant plus évident que, devant un patient inapte, l’argument de la suprématie de son autonomie ne tient plus la route. Dr Morissette a insisté sur le la nécessité d’une évaluation calme et prudente qui met de côté toutes précipitations basées sur un sens artificiel de l’urgence. Il nous a rappelé que notre première tâche, autant au niveau de la pratique clinique qu’en politique publique, doit être d’identifier et de poser les bonnes questions, en y assumant toutes leurs complexités, avant de d’embrasser précipitamment des réponses simplistes.

L’horaire de la journée, enrichi par une table ronde fort animée du côté des participants, a été complété par une période de questions-réponses avec le Dr Stephen Liben. Celle-ci était ouverte au grand public et a contribué à unir les participants des deux groupes idiomatiques. Cette présentation avait pour thème L’avenir des soins palliatifs?

Le Dr Liben possède 20 années d’expérience dans ce qui est peut-être le champ le plus difficile de la pratique médicale, celui des soins palliatifs en pédiatrie. Il nous a invités à regarder le monde actuel, malgré ses imperfections, comme étant meilleur qu’il ait jamais été, et portant encore le potentiel de plus grands progrès encore. Concernant les soins palliatifs, son intervention visait à interpeler et inspirer les médecins, au-delà des aspects techniques, à entrer en relation, à communiquer et à prendre soin de leurs patients et de leurs familles de manière personnelle et humaine, avec toute la crédibilité de sa propre sagesse fondée sur l’expérience. Le Dr Liben a tourné notre attention vers ce fait des plus importants : l’élément clé des soins palliatifs est le besoin primaire de chacun pour des soins médicaux bienveillants, appliqués à l’entièreté de la personne. En effet, la théorie et la pratique des soins palliatifs touchent tous les médecins.

En conclusion, si l’on considère l’organisation de cette deuxième conférence annuelle consécutive, le contenu présenté pertinent et utile, ainsi que la réponse enthousiaste qu’elle a suscité, tout cela témoigne de la ferme volonté des médecins canadiens de participer à l’élaboration de normes élevés de soins, autant au niveau médical que social, à tel point que l’euthanasie (du moins dans sa forme volontaire d’aide médicale à mourir) puisse être réduite à son strict minimum, et qui sait, un jour,  à devenir complètement caduque.

Nous remercions de grand cœur tous les participants et nous comptons avoir le plaisir de vous retrouver à notre prochaine journée de conférences. 

Catherine Ferrier
Présidente

 

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