Les sous avant les gens, l’économie avant la vie

Un bon article, « Aimer la vie! » est paru dans le Journal de Montréal cette fin de semaine. L’auteure, Nathalie Elgrably-Levy, dit que la « légalisation de l’euthanasie doit impérativement être replacée dans le contexte de notre système de santé », et ajoute que plus de 70 % des Canadiens n’ont pas accès aux soins palliatifs. Elle nous avertit du risque financier – l’impératif pécuniaire deviendra plus important que la personne.

Nous avons dit depuis longtemps qu’il faut offrir l’accès à des soins palliatifs adéquats à tous les malades, et Mme Elgrably-Levy partage cette opinion.

L’auteure suggère aussi que l’opposé de « mourir dans la dignité » est « vivre dans la honte ». Il y aura des pressions sociales pour que les gens « choisissent » la mort. Nous avons aussi dit depuis longtemps que les pressions sociales ne sont pas mesurables, et qu’il est impossible de s’assurer que le choix des patients, surtout s’ils sont vulnérables, soit vraiment libre.

Mais c’est l’argument financier qui me frappe le plus. Mme Elgrably-Levy demande si les hôpitaux, par souci d’économie, n’auraient pas intérêt à « négliger les soins palliatifs pour acculer le malade à demander la sédation terminale? ». Elle ajoute que nous ne pouvons pas être certains que ce « droit » ne deviendrait pas un devoir civique : mourir pour alléger l’engorgement d’un système de santé déjà surchargé.

Elle écrit :

« Toujours au nom de l’intérêt collectif, n’y a-t-il pas un risque d’élargir l’euthanasie à ceux qui souffrent d’une maladie chronique? Puis à ceux qui vivent ou qui naissent avec un handicap? Aux trisomiques? Et finalement à tous ceux qui coûtent cher au système? »

Cela m’a rappelé un épisode horrifiant qui s’est produit aux États-Unis, en Oregon, où le suicide assisté est légal depuis la fin des années ’90. Barbara Wagner souffrait d’un cancer du poumon et ses médecins lui ont prescrit un traitement de chimiothérapie. Elle a reçu une lettre de la compagnie qui gère le programme de santé pour l’État de l’Oregon. Cette lettre lui indiquait que l’État ne paierait pas pour la chimiothérapie à cause de son coût élevé, mais qu’il payerait pour un suicide assisté.

  • Coût de la chimiothérapie : US 4,000 $ par mois.
  • Coût du suicide assisté : US 50 $.

Comme Mme Elgrably-Levy, je ne peux m’empêcher de penser que notre gouvernement est très intéressé par le côté financier de la chose.

Qu’est-ce qui est le plus important : les gens, ou l’argent?

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