Dr Donald Boudreau et Margaret Somerville: l’euthanasie incompatible avec la médecine

L’euthanasie est incompatible avec la médecine, affirment le Dr Donald Boudreau et l’éthicienne Margaret Somerville dans un article conjoint publié en juillet dans le Journal of Medicolegal and Bioethics.

Les deux experts de l’Université McGill y offrent une réflexion à caractère éthique et à plusieurs volets. En voici quelques-uns en résumé :

  • L’euthanasie entre en contradiction avec les rôles fondamentaux du médecin, qui sont de soigner et de guérir. Ces rôles, soulignent-ils, ne peuvent pas être pris au sens strictement technique puisqu’ils visent le mieux-être de la personne dans sa pleine humanité. La souffrance psychique qui accompagne une grave maladie doit aussi être soignée et il est possible de le faire même en fin de vie avec les soins palliatifs.
  • En ce sens, si l’euthanasie devait entrer en vigueur (ce à quoi les auteurs s’opposent fermement), ce n’est pas aux médecins qu’il faudrait confier cet acte qui va à l’encontre du principe même de leur profession et qui, techniquement parlant, peut être posé par d’autres professionnels.
  • Pour les auteurs, tuer intentionnellement un être humain est intrinsèquement mauvais. Mais même si tel n’était pas le cas, les risques et les dommages de l’euthanasie à l’échelle sociale suffiraient à la rendre inacceptable : le danger pour les plus vulnérables, l’atteinte au principe du respect de la vie humaine en général et la perversion du rôle du médecin justifient son rejet. Ils soulignent aussi que l’expansion de l’euthanasie risque de nuire aux efforts de recherche dans le domaine du maintien et de l’amélioration de la dignité de patients éprouvés.
  • Un consentement éclairé des patients à l’euthanasie nécessiterait un état d’aptitude clair, l’existence d’une offre adéquate de soins palliatifs en alternative et l’absence avérée de pressions extérieures. Les auteurs doutent que ces conditions puissent vraiment être réunies, à tout le moins dans de nombreux cas en fin de vie.
  • L’expérience de la dernière décennie dans différents pays montre que la «pente glissante» est une réalité inévitable, à deux facettes : les dérives «pratiques» (des euthanasies ne respectant pas les critères établis) et les dérives «logiques (l’extension de ces critères). Elles sont inévitables parce que lorsqu’on lève l’interdit de tuer intentionnellement un être humain, il est impossible de trouver un cran d’arrêt logique. Comme le montre l’évolution des pratiques dans certains pays, l’argument du soulagement de la souffrance rend tôt ou tard des personnes inaptes et des enfants vulnérables à l’euthanasie; et celui de l’autonomie permet tôt ou tard à des personnes en santé d’y avoir accès.
  • Les auteurs commencent par dénoncer la confusion du vocabulaire dans le débat sur l’euthanasie, répandue même dans le milieu médical, où elle est aussi nuisible que si des cardiologues débattaient des mérites d’un traitement innovateur à partir d’une anatomie incertaine du myocarde. Ils consacrent donc utilement la première partie de leur article à définir précisément l’euthanasie, le suicide assisté, la sédation palliative et la sédation terminale.
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