Dons d’organes et euthanasie

Bernard Drainville veut que le Québec adopte le « consentement présumé » pour les dons d’organes . De prime abord, cela semble une politique raisonnable pour faire augmenter le nombre d’organes pouvant être greffés sur les personnes en ayant besoin. Toutefois c’est une politique pleine de risques. Je ne suis pas contre le don d’organes, loin de là! Je suis moi-même un donneur d’organes potentiel et deux membres de ma famille proche ont profité de dons d’organes. C’est un dossier que je connais bien.

Par contre, quand on pense aux dons d’organes avec « consentement présumé » dans un milieu où l’euthanasie est légale, les risques augmentent de manière spectaculaire. En Belgique, 23.5 % des greffes de poumons proviennent de donneurs euthanasiés . De plus, dans ce pays, la Société belge de médecine intensive soutient que l’euthanasie involontaire est non seulement une forme de traitement acceptable, mais désirable! La Belgique se trouve dans cette situation une douzaine d’années seulement après la légalisation de l’euthanasie. C’est inquiétant pour l’évolution des greffes d’organes au Québec.

En outre, M. Drainville suggère de suivre le modèle de commission itinérante utilisé lors du débat sur « la question de mourir dans la dignité ». Il dit qu’il « s’agit d’une question délicate, qui pose des questions éthiques importantes ». C’est le cas, en effet. Mais le rapport de la Commission Spéciale sur la Question de Mourir dans la Dignité (CSQMD) ne reflète pas les témoignages entendus durant les 29 jours d’audiences publiques. Les experts et citoyens qui ont présenté leur mémoire à la commission ont été ignorés : 60 % des mémoires étaient contre l’euthanasie. Seulement 2 % des mémoires étaient pour le suicide assisté. Malgré cela, le rapport a recommandé la légalisation de l’euthanasie au Québec. Il n’y a aucune raison de s’attendre à ce que le fonctionnement d’une commission sur les dons d’organes soit différent du fonctionnement de la CSQMD.

Il faut trouver une solution au problème chronique du manque d’organes et des longues listes d’attente pour les gens qui ont besoin de greffes. Toutefois cette solution ne doit pas créer une situation où les gens seraient poussés à choisir l’euthanasie pour que leurs organes soient donnés à d’autres.

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