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Montréal, le 26 mai 2022
Au Québec, le gouvernement de la CAQ célèbre la fin de la session parlementaire en offrant la mort au plus grand nombre de personnes possible. À deux semaines de la pause estivale, le gouvernement entend élargir radicalement la loi sur » l’aide médicale à mourir » (AMM), et cela presque sans débat.
Mourir de la COVID et de la guerre ne suffit pas : il faut maintenant donner la mort aux personnes âgées vulnérables atteintes de démence, et l’imposer aux maisons de soins palliatifs indépendantes.
Les maisons de soins palliatifs, qui sont financées principalement par des dons privés, seront tenues d’euthanasier des patients sans tenir compte de leur propre politique et de leur code d’éthique. Cela éliminera les seuls espaces sécuritaires qui restent au Québec où la majorité des personnes qui ne veulent pas de l’AMM peuvent recevoir des soins palliatifs sans craindre d’être poussées à la demander ou de la recevoir sans consentement.
Le projet de loi exige que les professionnels de la santé qui diagnostiquent une démence facilitent les demandes anticipées d’AMM en aidant les patients nouvellement diagnostiqués à décrire le type de souffrance future qu’ils considèrent comme intolérable. Ils doivent s’assurer que ces patients en pleine crise prennent une décision libre relativement au stade de leur maladie auquel on devra mettre un terme à leur vie. Il est impossible de donner un consentement libre et éclairé à l’avance pour une intervention active qui donne la mort, surtout dans de telles circonstances.
Ils doivent ensuite leur rappeler « à des moments différents et espacés par un délai raisonnable » qu’ils peuvent modifier ou retirer leur demande.
Les auteurs de ce texte n’ont manifestement aucune idée de la réalité des soins de santé au Québec. La démence est de plus en plus souvent diagnostiquée par les médecins de famille. Les cliniques spécialisées pour les troubles cognitifs sont obligées de poser un diagnostic et de renvoyer les patients aux soins de première ligne pour le suivi. Les conseils et la réflexion approfondis exigés par le projet de loi ne feront que détourner les ressources disponibles déjà limitées. Comme c’est le cas actuellement dans le domaine des soins palliatifs, les ressources limitées seront étirées au-delà de leurs limites pour inclure les consultations sur l’AMM. Les évaluations seront précipitées. Les décisions seront prises en fonction de la peur et de la stigmatisation.
Lorsque le patient deviendra inapte, l’AMM sera pratiquée, non pas à la demande autonome du patient, mais parce qu’un tiers estimera que sa souffrance est intolérable.
Les Pays-Bas, seul pays au monde à autoriser l’euthanasie de patients conscients sur demande anticipée, sont embourbés dans une controverse sur cette pratique.
Pourquoi cet engouement pour la mort ?
La popularité de l’AMM par demande anticipée ne peut s’expliquer que par l’âgisme et le capacitisme qui sévissent dans notre culture. Les Québécois bien portants et inquiets regardent leurs aînés atteints de troubles cognitifs avec un dédain qui se résume ainsi : « Je ne veux jamais être comme eux : tuez-moi d’abord ». Ce projet de loi vise à calmer les craintes des adultes bien portants au détriment de leur futur moi.
Contact :
Charmine Francis
Coordonnatrice
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