Dr Dominique Garrel, professeur titulaire à la faculté de médecine de l’Université de Montréal, rétablit le sens des mots dans le débat sur l’euthanasie, dans un texte publié dans La Presse , version papier, le 11 juin:
Tuer, c’est tuer
Pour les partisans de la loi 52, les mots ont le sens qu’ils veulent bien leur donner. On a entendu à plusieurs reprises Mme Hivon expliquer que l’aide médicale à mourir diffère fondamentalement de l’euthanasie, car cette dernière est un geste commis contre la volonté de l’individu. Dans La Presse du 10 juin, un lecteur reproche à Mme St-Pierre d’utiliser l’expression «droit de tuer», car, d’après les dictionnaires, le mot tuer exige une victime non consentante.
Pourtant, il n’est pas difficile de vérifier dans les dictionnaires comme le Larousse, ou un dictionnaire d’éthique ou de philosophie morale, le sens des mots euthanasie et tuer. L’euthanasie peut être passive ou active et l’euthanasie active peut être pratiquée avec ou sans le consentement de la personne. L’aide médicale à mourir est donc bel et bien une autre façon de nommer une forme d’euthanasie.
Quant au mot tuer, il est défini comme l’acte de donner la mort de façon violente. Je n’ai pas trouvé de définition qui implique le non-consentement de l’individu. Certes, ce non-consentement est implicite lorsqu’on utilise ce mot, mais il reste que, dans la langue française, l’euthanasie est une façon de tuer.