ADOPTION DE LA LOI: LETTRE AUX MÉDECINS

Chers collègues et amis,

Avec l’adoption du projet de loi C-14 vendredi dernier, l’euthanasie et le suicide assisté sont maintenant légaux partout au Canada.

Aujourd’hui, je voudrais tendre la main à tous les médecins à travers le pays: les personnes que j’ai apprise à connaître en essayant ensemble de prévenir cette loi terrible d’être adoptée, et toutes les autres personnes que je ne connais pas, mais qui partagent notre consternation devant la décision de notre gouvernement d’inclure la mort comme une solution médicale à la souffrance.

Beaucoup d’entre vous peuvent être seul parmi vos collègues à s’opposer l’euthanasie et au suicide assisté – ou croire que vous êtes seul. Nous sommes beaucoup plus nombreux que vous le pensez.

Il y a toujours eu des gens qui veulent mourir. En médecine, nous disons qu’ils sont suicidaires, et notre travail consiste à les aider à rester en vie et à surmonter cette envie de mourir. La plupart y parviennent et sont heureux d’être vivants. Aujourd’hui, certains médecins vont tuer des gens suicidaires au lieu de les aider à vivre. Il n’y a pas de différence entre une personne qui est suicidaire à cause de la douleur, d’un handicap ou d’une maladie terminale, et celle qui est suicidaire pour d’autres raisons.

On nous dit que la majorité des Canadiens veulent que l’euthanasie soit légale. C’est faux. La plupart des gens ne savent même pas ce que signifie « aide médicale à mourir ». Ils pensent que cela fait référence aux soins de confort en fin de vie, ou au retrait de traitement. Ils ne savent pas que cela signifie d’être tué par un médecin.

Ce que veulent vraiment les gens, c’est de ne pas souffrir davantage que ce qu’ils peuvent supporter; de ne pas être seul avec leur souffrance; d’être traités avec respect; d’avoir accès aux soins de santé dont ils ont besoin, spécialement les soins palliatifs; et de rester dans leur propre maison quand ils vieillissent ou s’ils développent un handicap. Pourquoi ne répondons-nous pas mieux à ces besoins?

Vendredi dernier, le gouvernement du Canada a choisi la mort comme une solution à la souffrance. Malgré les avertissements en provenance d’autres pays (>>). Malgré les dangers pour sa propre population. Malgré le fait que les gens seront amenés à la demander par peur, par solitude, par culpabilité, ou par la contrainte des autres. Même la Cour suprême a reconnu qu’il existe des risques inhérents à une telle loi, et que les balises peuvent uniquement les « limiter » (Carter, par. 105, 114 et 117 >>) – et ils ne seront certainement pas limités par les supposées balises de la loi fédérale.

La façon dont la profession médicale va relever ce défi nous revient. Certes, nous pourrions abdiquer devant la nouvelle tendance en répondant «oui» à la personne qui veut mourir, ou la diriger vers quelqu’un d’autre si nous n’avons pas le cran de le faire nous-mêmes.

Ou nous pouvons prendre soin de cette personne. Sérieusement. Au-delà de ce qui est exigé de nous, en écoutant plus attentivement, en cherchant des solutions créatives.

L’euthanasie, c’est une fausse solution bon marché. Et peut-être que ce n’est pas facile maintenant, mais cela deviendra facile si nous nous habituons. Alors il ne faut pas s’y habituer, jamais. L’Histoire nous jugera. Une génération viendra et regardera la nôtre avec horreur et avec la même incrédulité que nous pour avoir adopté cette supposée nouvelle solution à la souffrance.

Tous les médecins au Canada qui sont révoltés par ce qui se passe doivent se tenir debout ensemble. Soutenons-nous mutuellement. Partageons notre expertise pour le bénéfice de nos patients. Luttons contre toute obligation de tuer les patients ou de les référer pour être tués. Et n’ayons pas peur de prendre soin des patients qui pourraient demander à mourir.

Nous devons être là pour les gens qui demandent notre aide. Nous pouvons faire appel à des collègues si nous manquons de connaissances ou de ressources pour résoudre un problème. Et une fois que nous aurons fait tout ce que nous pouvons, si notre patient dit encore: « Docteur, je veux être tué », alors et seulement alors, nous pourrons dire: « Je suis désolé, ce n’est pas ce que je fais. Je vais faire tout ce qui est possible pour vous sauf cela. Si vous voulez être tué, vous devrez trouver quelqu’un d’autre ».

Il y a des forces qui tenteront de nous contraindre à nous conformer, à participer à l’homicide de patients. Certains font même partie de notre propre profession. Rappelons-nous que notre force réside dans l’expertise et dans le nombre: nous sommes les médecins qui sommes toujours en harmonie avec l’éthique médicale à travers les siècles et à travers le monde.

Cherchez des médecins qui partagent votre vision et soutenez-vous mutuellement pour prendre soin des patients jusqu’à leur mort naturelle.

Au cours des prochaines semaines, notre Collectif mettra sur pied des réseaux pour nous rassembler, en collaboration avec d’autres groupes qui partagent nos valeurs et notre engagement à travers le pays.

Faites appel à nous.

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